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Dernières nouvelles du système solaire

Ce mardi 29 mars 2016, l’Académie des Sciences conviait quelques astrophysiciens et astrophysiciennes émérites français ainsi que la nouvelle génération. Afin de commenter les dernières découvertes en la matière, la Grande salle s’est transformée en une arborescence de sujets cosmiques, nous entraînant aux confins de l’Univers … et de notre Histoire.




Dans la Grande salle des Séances de L’Institut de France, l’Académie des Sciences et ses membres Françoise Combes et Pierre Encrenaz avaient organisé une conférence, « Autour des planètes du système solaire », avec pour objectif de proposer un tour d’horizon des dernières considérations sur le sujet. En effet l’actualité est riche, les découvertes nombreuses, et cela dans plusieurs domaines ; l’astrophysique, pierre angulaire des différents thèmes abordés, mais également la chimie et la physique. A titre d’exemples, les poussières cométaires dont la constitution a été repensée ont été évoquées par Anny-Chantal Levasseur-Regourd, Bruno Sicardy a parlé de son sujet de recherche relatif au système au-delà de Neptune baptisé zone « transneptunienne », les étonnantes ressemblances de Titan (un des satellites de Saturne) avec notre planète bleue ont été énumérées par Alice Le Gall … Les six exposés de cette journée ont permis de rendre compte des nouvelles informations apportées par l’observation terrestre ainsi que par l’exploration spatiale. Car comme l’a très bien souligné Thérèse Encrenaz avec sa présentation sur l’apport de la spectro-imagerie, cette technique qui combine la haute résolution spectrale et la résolution spatiale demeure complémentaire des missions spatiales. En effet, elle donne à voir des cartes instantanées des atmosphères des planètes telluriques ou géantes.


L’intervention inspirée de Jean-Pierre Bibring, nous a offert une vision synoptique de l’astrophysique aujourd’hui, et bien plus encore. En effet, la pensée de Giordano Bruno sur la pluralité des mondes est venue étayer le discours de l’astrophysicien, qui a déclaré de façon péremptoire que l’on entrait dans une nouvelle ère spatiale. La diversité des mondes planétaires est telle, que l’on doit prendre en compte la dichotomie dans l’évolution de notre système par rapport aux autres. Le changement de paradigme est inévitable, et la récente détection des ondes gravitationnelles ne fait que renforcer cette idée. En outre, son expérience en tant que responsable scientifique de la mission Philae a permis de mettre en exergue les prouesses techniques qui n’avaient jamais été atteintes jusqu’alors. Comme il l’a précisé : « Après 10 ans de voyage dans l’espace, l’atterrisseur s’est déposé à 450 millions de km de nous, à seulement 120m de l’objectif fixé au départ ». Mais l’aspect qui se détecte en filigrane : « c’est que l’on a désormais accès à l’un des objets les vieux du système, un noyau cométaire éclairé ». A l’instar de Mars qui est resté à un stade qu’a connu la Terre, ces missions sont des supports d’analyses remarquables pour comprendre comment notre système s’est formé, et par conséquent notre propre mutation. La recherche de traces de vie ailleurs n’est pas seulement un moyen de combler notre solitude, comme le formulait si justement Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie », c’est également un moyen de percevoir aujourd’hui une étape antérieure de notre évolution, comme une photographie du passé.


Par ailleurs, notons que ces rencontres mettent en évidence le déroulement des recherches de ces scientifiques dans le détail, et par conséquent démontre l’articulation qui se produit autour d’un même élément à analyser, ou d’une information donnée. Il est intéressant de constater à quel point chaque mission spatiale permet de collecter différentes données qui seront traitées diversement selon les corps de métiers, surtout en science où chaque élément peut être qualifié d’hybride pour les chercheurs. En raison des domaines multiples auquel il renvoie, ce dernier peut être la source d’un questionnement, d’une réponse ou encore d’une problématique, qui à l’inverse ne sera pas forcément le cas à travers une autre discipline.

Pour finir la sixième présentation de la journée consistait à éclaircir et donner la mesure de l’état des connaissances relatives à l’hypothèse de l’existence d’une neuvième planète dans le système solaire. Pour se faire, Jacques Laskar a développé un petit historique des découvertes des planètes. Tout d’abord en 1781, il y a eu la découverte d’Uranus par William Herschel, puis constatant que ses mouvements semblaient perturbés, François Arago demanda à Urbain Le Verrier d’approfondir le sujet. Ce sera chose faite en 1846 où il présenta ses calculs à l’Académie des Sciences, et en brillant mathématicien ce dernier établit la position de Neptune avec seulement une erreur d’un degré par rapport à la réalité. C’est donc une véritable prouesse, qui n’a jamais pu être réitérée. Aussi Pluton, en 1930, sera quant à elle découverte par l’observation, mais perdra son titre de planète du système solaire en 2006. Cependant en 2014, la découverte d’un objet transneptunien 2012VP113 a relancé le débat sur l’existence d’une possible neuvième planète. En effet, son orbite est similaire à celle d’un autre KBO massif, Sedna (Kuiper Belt Object en anglais, ceinture de Kuiper en français) qui a une orbite très excentrique. En somme ces éléments pourraient corroborer la présence de cette planète additionnelle, dont l’hypothèse a été renforcée par la parution d’une étude qui la rend à présent concevable (Batygin & Brown, 2016). Tout cela reste donc à approfondir.


A propos de l’actualité terrienne, le prochain rendez-vous astronomique de l’Académie des Sciences aura pour thème l’évènement que l’on peut aisément qualifier de majeur dans l’Histoire des sciences de l’Univers : la détection inédite des ondes gravitationnelles. Car si elles nous permettent de percevoir une oscillation de la courbure de l’espace-temps, ce décèlement nous donne à voir une nouvelle fenêtre sur l’Univers, notamment les phénomènes qui demeuraient jusqu’à présent invisibles car ils n’émettaient pas de rayonnement électromagnétique, tels que les trous noirs par exemple. En somme, d’après les astronomes : « jusqu’à présent on avait la vue, maintenant on a l’ouïe ».


Grande salle des séances


Biographies


Françoise Combes : Astrophysicienne française, membre de l'Académie des Sciences et professeur au Collège de France.


Pierre Encrenaz : Professeur à l'Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI), il a dirigé l'École doctorale d'Astronomie et d'Astrophysique d'Île-de-France, membre de l'Académie des Sciences.


Anny-Chantal Levasseur-Regourd : Astrophysicienne, chercheur au LATMOS, spécialiste de la physique des comètes, des astéroïdes et du milieu interplanétaire, présidente du comité de pilotage de l'année mondiale de l'astronomie (2009)


Bruno Sicardy : Astrophysicien français, travaille sur la dynamique (anneaux, ondes spirales, résonances, disques) et sur les programmes d’observations d’objets du système solaire. A co-découvert les anneaux de Neptune en 1984.


Alice Le Gall : Travaille sur l’observation des surfaces et sous-sols planétaires notamment sur les missions Cassini (NASA), Rosetta (ESA) et ExoMars (ESA). Maître de conférences au LATMOS et à l’Université de Saint-Quentin en Yvelines.


Thérèse Encrenaz : Directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste de l’étude des atmosphères planétaires. A été directrice du Département de Recherche Spatiale de l’Observatoire, vice-présidente de son Conseil scientifique.


Jean-Pierre Bibring : Astrophysicien à l'Institut d'Astrophysique Spatiale (Orsay), Il intervient à haut niveau sur plusieurs programmes spatiaux comme Cassini-Huygens, responsable scientifique de Philae, l'atterrisseur de Rosetta.


Jacques Laskar : Astronome à l’Observatoire de Paris, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des mouvements à long terme dans les systèmes planétaires, travaille également à l’IMCCE, membre de l’Académie des Sciences.

Mots-clés :

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